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19/02/2008

Le travail pendant les stages

Manger la Parole

Je m'avançai vers l'ange et le priai de me donner le petit livre. Il me dit : Prends et mange-le. II sera amer à tes entrailles, mais dans ta bouche il aura la douceur du miel. Je pris le petit livre de la main de 1'ange et le mangeai. Dans ma bouche il avait la douceur du miel, mais quand je l'eus mangé, mes entrailles en devinrent amères. Et l'on me dit : Il te faut à nouveau prophétiser sur des peuples, des nations, des langues et des rois en grand nombre. Ap. 10,8-11

Il me dit: « Fils d'homme, mange-le, mange ce rouleau; ensuite tu vas parler à la maison d'Israël. » J'ouvris la bouche et il me fit manger ce rouleau. Il me dit: « Fils d'homme, nourris ton ventre et remplis tes entrailles de ce rouleau que je te donne.» Je le mangeai : il fut dans ma bouche d'une douceur de miel. Il me dit: « Fils d'homme, va : rends-toi auprès de la maison d'Israël et parle-leur avec mes paroles...» Ez 3,1-4

"Et le verbe s'est fait chair. " Jn 1,14

"Je suis le pain vivant qui descend du ciel. Celui qui mangera de ce pain vivra pour 1'éternité. Et le pain que je donnerai, c'est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie." Jn 6,51

Une expérience

Je prends un livre, disons au hasard, la Bible. Je l'ouvre. Un psaume. De louange. Je lis. Si je ne suis pas trop distrait, pas trop pressé (car dans ce cas je n'y comprends rien, cela m'ennuie), j'en saisis le sens. Cela me plait. Cela me fait du bien. Cela "me recentre sur Dieu". Alléluia. Je prends dans ce psaume de louange un mot, ou un petit groupe de mots, je le prononce, murmuré ou à haute voix, attentif à sa résonance, à l'écho qui se propage en moi, je le dis à nouveau, toujours aussi attentif, à l'écoute... Shema Israël. Et soudain, mais que m'arrive-t-il ? Ce mot, ces paroles de louange, si agréables à la lecture, voilà que brusquement elles me font mal - tout en me faisant du bien - me voici troublé, étonné, parfois en larmes... La Parole de Vie me dévoile à moi-même mes "arrangements" avec la vie, mes refus de la vie, la distance qui me sépare de ...de quoi ? De mon âme ? De Dieu ? Alors que je croyais... que je croyais... quoi ? Mais l'expérience ne s'arrête pas là. Je continue. Encore un peu. Et quelque chose s'ouvre. Une joie profonde m'envahit. Je suis dans la louange. Et quelque chose a changé dans ma vie.

Une autre expérience 

Je prends un autre livre, disons au hasard, la Bible (Il y en a plusieurs à la maison). Je l'ouvre. Un psaume. D'appel au secours. Des malédictions contre mes ennemis, des demandes de vengeances effroyables contre eux et leurs enfants. Je lis. Cela me déplaît. Cela m'agresse. Cela m'éloigne de Dieu. Vade rétro. Je prends dans ce psaume détestable un mot, ou un petit groupe de mots, je le prononce, murmuré ou à haute voix, attentif à sa résonance, à l'écho qui se propage en moi, je le dis à nouveau, toujours aussi attentif, à l'écoute... Shema Israël. Et soudain, que m'arrive-t-il ? Ces paroles de mort, ces paroles impitoyables, voici qu'une lumière venue de l'intérieur, mystérieusement, les éclaire d'une signification nouvelle, tout autre, évidente : ces ennemis honnis, ce sont mes démons intérieurs, mes haines, tout ce qui en moi est opposé au courant de vie, de joie, d'ouverture, d'amitié. Sous un souffle mystérieux, ces ennemis volent en éclats, et leurs enfants, ma fermeture, ma peur, ma rancune, se fracassent contre les rochers de ces paroles, et « je suis libéré de mes ennemis »...

Bien sûr ces exemples sont choisis aux extrémités opposées. Cela ne se passe pas toujours ainsi. Chez certaines personnes - heureuses sont-elles -, la louange rencontre un coeur ouvert et ne "déclenche" que du bonheur. Je pense aux regards limpides de deux personnes assez âgées ayant participé aux derniers stages. Chez d'autres, la résistance revêt parfois un caractère peu spectaculaire. Pas de larmes, pas de trouble apparent. La fermeture. Mais cela ne dure guère. Et quelle joie alors. Ce que je voudrais exprimer à travers ces exemples tirés d'expériences vécues lors de stage ou d'ateliers, c'est la puissance étonnante avec laquelle, par la manducation de la Parole, chère aux Orthodoxes, le Vivant travaille en nous. Le Verbe s'est fait chair, et nous a dit : Mangez ma chair, mangez moi. Manger la Parole, obéir à la lettre à ce message du Vivant, est une manière "certifiée garantie" par le Maître lui-même, de le recevoir. Dans les ateliers "Accueillir et transmettre cette Parole qui nous transforme", nous nous ouvrons d'abord, par quelques exercices apparemment anodins, au silence. Nous essayons pour commencer de ne plus nous identifier à tout ce qui nous agite et nous trouble. Puis, dans un silence le plus silencieux possible, espace ouvert en nous, nous écoutons, et nous laissons résonner la Parole en nous. C'est très simple. Très riche. Très émouvant. Car c'est très... VIVANT.

Gérard Rouzier

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