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18/12/2012

Au commencement était le Verbe

L'Evangile selon Saint Jean et les suites de Bach

PV Cessay.jpgPierre Vieille-Cessay* est venu un jour assister à une représentation de l'Evangile de Saint-Jean.

Quelques jours plus tard, il m'appelle et me dit qu'il ne cesse de penser à ce que pourrait apporter la rencontre entre le texte et les Suites de Bach.

Je disais déjà l'Evangile depuis plusieurs années, j'en avais à maintes reprises constaté la puissance auprès des spectateurs et je ne voyais pas très bien ce que la proposition de Pierre pourrait apporter de plus. Il me faudrait réduire la quantité de texte afin que la représentation ne devienne pas trop longue, cela pourrait faire perdre la magnifique progression dramatique... Ma première réaction fut donc l'hésitation : je courais le risque d'altérer la force du témoignage.

En même temps, j'étais évidemment tenté par une ''nouveauté'' (si on peut parler de nouveauté à propos de Bach) et je voyais en Pierre un grand interprète...

Nous avons donc commencé à travailler, Pierre avec enthousiasme et certitude, moi avec une curiosité prudente.

Et puis nous avons testé cette''version'' auprès de quelques spectateurs. Et là, j'ai vu de façon flagrante et indiscutable que Pierre avait raison.

D'abord, très égoïstement pour moi. La présence du public, même restreint, donnait tout naturellement à cette présentation une dimension absente lors des répétitions, et je fus surpris d'être moi-même cueilli par une émotion nouvelle et très forte lors d' enchaînements entre le texte et la musique.

Et puis le retour du public était identique à celui qui se manifestait depuis des années, mais avec un ''plus'' manifeste : la profonde méditation du texte que permettaient les interventions de Pierre, le son puissant de cette autre voix humaine qu'est le violoncelle - dixit-Pierre -, tantôt grave tantôt léger, respiration nouvelle au cœur du témoignage, offrait à chacun le temps, porté par Bach, de laisser se déposer en soi les paroles de l' Evangile.

Et dès cet instant, je sus que désormais, cette rencontre du texte et de la musique serait la nouvelle forme de ce témoignage ''que nous avons fait connaître et que nous ferons connaître encore'', pour paraphraser, (toutes proportions gardées) les paroles du Christ :

Je leur ai fait connaître ton nom, et je leur ferai connaître encore,
afin que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux, et moi, en eux (17,15)

Gérard Rouzier

* Le violoncelliste Pierre Vieille-Cessay est diplômé de la Guidhall School of Music de Londres. Il donne de nombreux récitals en tant que soliste à travers l'Europe (Paris, Barcelone, Londres). Il collabore aussi avec des orchestres symphoniques (Orchestre National d'Ile de France, Orchestre Pasdeloup, Orchestre de Valladolid en Espagne) et enseigne le violoncelle au Conservatoire de Montrouge ainsi qu'à l'école Saint Jean de Passy à Paris.

19:07 Publié dans Spectacles | Lien permanent | Commentaires (0)

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