11/10/2013
Des traits sur le sable N°61
Au sommaire du N°61
- Edito : Livrer en pâture son être même
- Lire la Bible, Coleen Duffy
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... Et les eaux se retirèrent de la terre par un flux et un reflux. (Genèse 8, 3)
Crédit Photo : iTinette
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Les notes intimes de Marie Noël
Textes dits par Huguette Lasalle, mise en scène : Gérard Rouzier
Qui est Marie Noël ?
De son vrai nom Marie Rouget (1883-1967-Auxerre), Marie Noël exprime à travers ses recueils poétiques, ses proses et ses Notes intimes, la peine d'une âme troublée par le tragique de l'existence humaine et par le spectacle d'une création traversée par « Bien et Mal ensemble ».
Marquée par l'âpreté d'une révolte que l'espérance n'atténue pas toujours et par la quête d'un christianisme lucide et personnel, son œuvre est un grand moment de la littérature spirituelle française du XXe siècle.
Qui est Huguette Lasalle ?
A l'âge de la retraite, Huguette Lasalle a commencé à pratiquer les activités que son métier d'assistante de direction dans un grand groupe industriel ne lui avait pas laissé le loisir d'exercer, et dont elle avait envie depuis toujours. Elle se mit donc à peindre, à faire de la musique, du théâtre, à écrire, en collaboration avec Daniel Chol, docteur en histoire de l'art, des ouvrages sur Aix-en-Provence et sur les peintres du Midi.
Sa rencontre avec Gérard Rouzier dans le cadre des ateliers-théâtre d'Aix-en Provence est à l'origine de plusieurs spectacles présentés chez des particuliers avec Rose-Marie Sala, elle aussi élève des ateliers (Le Défunt, de René de Obaldia ; Pour un oui ou pour un non, de Nathalie Sarraute)
Comment est née cette idée toute simple ?
Huguette Lasalle me parla un jour des Notes intimes de Marie Noël qu'elle était en train de relire : elle me montra une petite affiche représentant Marie Noël marchant près de la cathédrale d'Auxerre. Je regardais Huguette, je regardais la photo, je regardais Huguette, je regardais la photo…
Florilège Marie Noël
Que de fois la poésie est montée en moi comme une eau
bouillonnante qui voulait rompre la pierre de sa fontaine close !
Hélas ! À l'heure de grâce, tout lui faisait obstacle :
la maison qui, juste à ce moment-là avait besoin de bon service,
la vieille mère qui avait besoin de présence,
les frères et sœurs qui avaient besoin de paroles,
l'enfant qui avait besoin de musiques et d'images,
et tous les autres gens du voisinage qui avaient besoin,
chacun de quelque chose à son tour.
Elle, ma poésie avait besoin d'heures
-je la repoussais-
Elle n'aura que les restes des autres.
Sauf au temps de maladie, le meilleur de tous,
celui qu'on ne pouvait pas me prendre.
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Mon Dieu, purifiez moi de ma science.
De ma science qui n'est pas à moi, mais que j'ai empruntée à autrui.
Elle n'est en moi qu'une clarté sans racine,
une chandelle vacillante apportée du dehors
qui ne fait qu'éteindre ou troubler le regard de ma fontaine profonde.
Mais au savant dont elle est la grâce, la lumière de source,
donnez la science pleine, vaste, totale
afin qu'il gagne peu à peu par la connaissance,
le point de hauteur ou de profondeur-le même-
où tout se simplifie en UN.
Et là nous nous rejoindrons.
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Les âmes les meilleures, les plus nourricières,
sont faites de quelques grandes bontés rayonnantes
et de mille petites misères obscures
dont s'alimentent parfois leurs bontés
comme le blé qui vit de la pourriture du sol.
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Celui qui n'a besoin de rien : tout lui manque.
Misère de l'homme qui se suffit, de l'esprit comblé de lui-même.
Toute la valeur de l'homme est dans sa recherche, son appel, son désir.
Je n'ai jamais très bien compris l'ascétisme,
cette torture au détail pour plaire à Dieu.
Encore une fois, pour qui le prend-on ?
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Les mystiques
ces fous admirables qui se coupent les pieds pour se faire pousser des ailes.
Moi j'aurais peur.
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L'amour...une source qui a soif...parfois une fontaine sauvage,
perdue dans un lieu sans accès, qui coule inutilement nuit et jour
pendant des années...des années...des années
pour qu'une seule fois- et peut-être pas même une seule-
un passant vienne y boire une gorgée et s'éloigne.
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Pas de chef d'œuvre sans le temps.
Il faut le laisser « mitonner », cuire à feu doux.
Toutes les œuvres d'art sont lentes.
Même la lessive ou la cuisine...d'autrefois.
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C'est bien difficile d'être et de se le faire pardonner
Marie Noël
08:41 Publié dans Spectacles | Lien permanent | Commentaires (1)