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11/10/2013

Les notes intimes de Marie Noël

Textes dits par Huguette Lasalle, mise en scène : Gérard Rouzier 

Qui est Marie Noël ?

Marie-noel-1.jpgDe son vrai nom Marie Rouget  (1883-1967-Auxerre), Marie Noël exprime à travers ses recueils poétiques, ses proses et ses Notes intimes, la peine d'une âme troublée par le tragique de l'existence humaine et par le spectacle d'une création traversée par « Bien et Mal ensemble ».

Marquée par l'âpreté d'une révolte que l'espérance n'atténue pas toujours et par la quête d'un christianisme lucide et personnel, son œuvre est un grand moment de la littérature spirituelle française du XXe siècle.

Qui est Huguette Lasalle ?

A l'âge de la retraite, Huguette Lasalle a commencé à pratiquer les activités que son métier d'assistante de direction dans un grand groupe industriel ne lui avait pas laissé le loisir d'exercer, et dont elle avait envie depuis toujours. Elle se mit donc à peindre, à faire de la musique, du théâtre, à écrire, en collaboration avec Daniel Chol, docteur en histoire de l'art, des ouvrages sur Aix-en-Provence et sur les peintres du Midi.

Sa rencontre avec Gérard Rouzier dans le cadre des ateliers-théâtre d'Aix-en Provence est à l'origine de plusieurs spectacles présentés chez des particuliers avec Rose-Marie Sala, elle aussi élève des ateliers (Le Défunt, de René de Obaldia ; Pour un oui ou pour un non, de Nathalie Sarraute)

Comment est née cette idée toute simple ?

Huguette Lasalle me parla un jour des Notes intimes de Marie Noël qu'elle était en train de relire : elle me montra une petite affiche représentant Marie Noël marchant près de la cathédrale d'Auxerre. Je regardais Huguette, je regardais la photo, je regardais Huguette, je regardais la photo…

 

Florilège Marie Noël

 

Que de fois la poésie est montée en moi comme une eau

bouillonnante qui voulait rompre la pierre de sa fontaine close !

 

Hélas ! À l'heure de grâce, tout lui faisait obstacle :

 la maison qui, juste à ce moment-là avait besoin de bon service,

la vieille mère qui avait besoin de présence,

les frères et sœurs qui avaient besoin de paroles,

l'enfant qui avait besoin de musiques et d'images,

et tous les autres gens du voisinage qui avaient besoin,

chacun de quelque chose à son tour.

Elle, ma poésie avait besoin d'heures

-je la repoussais-

Elle n'aura que les restes des autres.

 

Sauf au temps de maladie, le meilleur de tous,

celui qu'on ne pouvait pas me prendre.

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Mon Dieu, purifiez moi de ma science.

De ma science qui n'est pas à moi, mais que j'ai empruntée à autrui.

Elle n'est en moi qu'une clarté sans racine,

une chandelle vacillante apportée du dehors

qui ne fait qu'éteindre ou troubler le regard de ma fontaine profonde.

Mais au savant dont elle est la grâce, la lumière de source,

donnez la science pleine, vaste, totale

afin qu'il gagne peu à peu par la connaissance,

le point de hauteur ou de profondeur-le même-

où tout se simplifie en UN.

Et là nous nous rejoindrons.

*************************

 Les âmes les meilleures, les plus nourricières,

sont faites de quelques grandes bontés rayonnantes

et de mille petites misères obscures

dont s'alimentent parfois leurs bontés

comme le blé qui vit de la pourriture du sol.

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Celui qui n'a besoin de rien : tout lui manque.

Misère de l'homme qui se suffit, de l'esprit comblé de lui-même.

Toute la valeur de l'homme est dans sa recherche, son appel, son désir. 

Je n'ai jamais très bien compris l'ascétisme,

cette torture au détail pour plaire à Dieu.

Encore une fois, pour qui le prend-on ?

 ***************

  Les mystiques

ces fous admirables qui se coupent les pieds pour se faire pousser des ailes.

Moi j'aurais peur.

 *************

  L'amour...une source qui a soif...parfois une fontaine sauvage,

perdue dans un lieu sans accès, qui coule inutilement nuit et jour

pendant des années...des années...des années

pour qu'une seule fois- et peut-être pas même une seule-

un passant vienne y boire une gorgée et s'éloigne.

 **********

 Pas de chef d'œuvre sans le temps.

Il faut le laisser « mitonner », cuire à feu doux.

Toutes les œuvres d'art sont lentes.

Même la lessive ou la cuisine...d'autrefois.

 *********

 C'est bien difficile d'être et de se le faire pardonner

 

Marie Noël

08:41 Publié dans Spectacles | Lien permanent | Commentaires (1)

18/12/2012

Au commencement était le Verbe

L'Evangile selon Saint Jean et les suites de Bach

PV Cessay.jpgPierre Vieille-Cessay* est venu un jour assister à une représentation de l'Evangile de Saint-Jean.

Quelques jours plus tard, il m'appelle et me dit qu'il ne cesse de penser à ce que pourrait apporter la rencontre entre le texte et les Suites de Bach.

Je disais déjà l'Evangile depuis plusieurs années, j'en avais à maintes reprises constaté la puissance auprès des spectateurs et je ne voyais pas très bien ce que la proposition de Pierre pourrait apporter de plus. Il me faudrait réduire la quantité de texte afin que la représentation ne devienne pas trop longue, cela pourrait faire perdre la magnifique progression dramatique... Ma première réaction fut donc l'hésitation : je courais le risque d'altérer la force du témoignage.

En même temps, j'étais évidemment tenté par une ''nouveauté'' (si on peut parler de nouveauté à propos de Bach) et je voyais en Pierre un grand interprète...

Nous avons donc commencé à travailler, Pierre avec enthousiasme et certitude, moi avec une curiosité prudente.

Et puis nous avons testé cette''version'' auprès de quelques spectateurs. Et là, j'ai vu de façon flagrante et indiscutable que Pierre avait raison.

D'abord, très égoïstement pour moi. La présence du public, même restreint, donnait tout naturellement à cette présentation une dimension absente lors des répétitions, et je fus surpris d'être moi-même cueilli par une émotion nouvelle et très forte lors d' enchaînements entre le texte et la musique.

Et puis le retour du public était identique à celui qui se manifestait depuis des années, mais avec un ''plus'' manifeste : la profonde méditation du texte que permettaient les interventions de Pierre, le son puissant de cette autre voix humaine qu'est le violoncelle - dixit-Pierre -, tantôt grave tantôt léger, respiration nouvelle au cœur du témoignage, offrait à chacun le temps, porté par Bach, de laisser se déposer en soi les paroles de l' Evangile.

Et dès cet instant, je sus que désormais, cette rencontre du texte et de la musique serait la nouvelle forme de ce témoignage ''que nous avons fait connaître et que nous ferons connaître encore'', pour paraphraser, (toutes proportions gardées) les paroles du Christ :

Je leur ai fait connaître ton nom, et je leur ferai connaître encore,
afin que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux, et moi, en eux (17,15)

Gérard Rouzier

* Le violoncelliste Pierre Vieille-Cessay est diplômé de la Guidhall School of Music de Londres. Il donne de nombreux récitals en tant que soliste à travers l'Europe (Paris, Barcelone, Londres). Il collabore aussi avec des orchestres symphoniques (Orchestre National d'Ile de France, Orchestre Pasdeloup, Orchestre de Valladolid en Espagne) et enseigne le violoncelle au Conservatoire de Montrouge ainsi qu'à l'école Saint Jean de Passy à Paris.

19:07 Publié dans Spectacles | Lien permanent | Commentaires (0)

21/07/2012

La video du premier cours de Marcel Jousse joué par Gérard Rouzier

Le 28 septembre 2011, dans le cadre d'un colloque international sur Marcel Jousse, à l'Université de Lyon 3, Gérard Rouzier a joué le premier cours donné par Marcel Jousse à l'école d'Anthropologie de Paris le 7 novembre 1932, intitulé Psycho-physiologie générale du GesteIl l'a ensuite redonné à Paris, le 19 novembre au Collège des Bernardins et le 6 décembre au Centre Culturel Georges Bernanos.

08:45 Publié dans Spectacles | Lien permanent | Commentaires (0)

05/12/2011

Genèse : entre un père et sa fille

Extraits de l'article de Nathalie Leenhardt  paru dans le numéro du 1er septembre 2011 de Réforme.

Le comédien Gérard Rouzier, auteur depuis des années de spectacles bibliques, propose une fois encore une belle lecture, cette fois-ci de la Genèse. 
Mais il n'est pas seul sur scène, une adolescente, qui joue le rôle de sa fille, est à ses côtés. Et c'est tout l'intérêt de ce nouveau travail: dire un texte merveilleux et l'interroger au fur et à mesure, l'éclairer, tenter de percer les mystères, au fil des questions posées par la jeune comédienne Aude Candéla.

Pour cela, Gérard Rouzier n'hésite pas à faire appel aux différents types de lectures qui ont émaillé les décennies et apporté chacune leur pierre à l'édifice de la compréhension des textes.
Ainsi l'acteur et auteur a-t-il travaillé en collaboration avec la psychanalyste Marie Balmary.

Un exemple: le récit de Caïn et Abel, l'offrande du premier méprisée par le père, celle du second accueillie avec joie. Pourquoi une telle différence de traitement ?
La jeune fille, au regard pétillant de malice, cherche. Son père l'aide à comprendre, allant puiser dans les détails du texte une interprétation.
Ainsi se dévoilent, au fil du spectacle qui a donné lieu à un DVD, des récits et des pistes de réponses, la fille se faisant l'écho des questions qui trottent si souvent dans la tête des spectateurs et des téléspectateurs...

Le DVD, un outil formidable à regarder en famille et en catéchèse.
 
Le spectacle, un grand moment de bonheur à faire venir dans sa ville ou sa paroisse.

19/09/2011

Le premier cours de Marcel Jousse

jousse.gifLe 28 septembre 2011, la Compagnie du Sablier  interviendra dans le cadre d'un colloque international sur Marcel Jousse, à l'Université de Lyon 3.
Gérard Rouzier « jouera » le premier cours donné par Marcel Jousse à l'école d'Anthropologie de Paris le 7 novembre 1932, intitulé :

Psycho-physiologie générale du Geste.

Il le jouera ensuite à Paris, le 19 novembre au Collège des Bernardins et le 6 décembre au Centre Culturel Georges Bernanos.
Merci à Monsieur Jean-Ghislain d'Eudeville, président de l'Association des Amis de Marcel Jousse, de nous avoir fourni les documents ci-dessous, présentant le professeur Jousse.


Qui est Marcel Jousse ?

« J'ai toujours été l'anthropologiste du Geste global et du rythme vivant » Marcel Jousse

Né à Beaumont/Sarthe le 28 juillet 1886, décédé à Fresnay/Sarthe le 14 août 1961, qui était Marcel Jousse ?

- un enfant qui s'éveille à la conscience sur les genoux d'une mère quasi illettrée et douée d'une étonnante mémoire. Son père était un simple journalier. Sa mère récitait, en les rythmant, et en les balançant, des traditions orales. La prise de conscience de ce bercement maternel initia l'enfant aux mécanismes anthropologiques, repérables principalement, dans les milieux où domine le style oral.
- un paysan qui restera marqué par la grande culture orale de ce milieu, en partie illettré.
- un écolier curieux qui fit de brillantes études classiques et qui dès l'âge de douze ans commença l'étude de l'araméen et de l'hébreu pour connaître la langue parlée par Jésus.
jousse_anim.gif- un prêtre, un jésuite. Ordonné prêtre en 1912, il entre en 1913 dans la Compagnie de Jésus. Puis il fait la guerre comme officier d'artillerie. En 1917, il est envoyé comme instructeur aux Etats-Unis et séjourne dans les réserves des Indiens dont il étudie les expressions gestuelles.
- un chercheur. De retour à Paris, il entreprend des études de phonétique, de psychologie normale et pathologique, d'ethnologie. Il confronta ses recherches avec des grands maîtres : Marcel Strauss, Pierre Dumas, Georges Dumas, Jean-Pierre Rousselot (créateur de la phonétique expérimentale) qui reconnurent en lui un chercheur exceptionnellement doué. Il fut le spécialiste de l'étude du style oral, du rythme et du geste.
- l' initiateur d'une anthropologie du geste où il étudie le rapport du geste avec les mécanismes de la connaissance, de la mémoire, de l'expression.
- un professeur. En 1931, le professeur Henri Delacroix Doyen de la Sorbonne, propose à Marcel Jousse de faire des conférences libres à l'amphithéâtre Turgot de la Sorbonne. Il y enseignera jusqu'en 1957.

 
En 1932, Marcel Jousse crée l'Institut de Rythmo-Pédagogie avec un groupe d'anthropologistes, de pédagogues et de psychiatres. Cet institut a pour but d'élaborer, d'expérimenter et de perfectionner sans cesse une pédagogie vivante fondée sur la psychophysiologie du geste, du langage, du rythme. Il établit une liaison indispensable entre le chercheur et le praticien, entre le laboratoire et l'établissement scolaire.

Cette même année 1932, Marcel Jousse est nommé à la chaire d'anthropologie linguistique à l'Ecole d'anthropologie de Paris. Il y enseignera jusqu'en 1951.

En 1933, le professeur Maurice Goguel, Doyen de la Faculté de théologie protestante de Paris, fait intervenir Marcel Jousse comme conférencier libre dans le cadre de son cours sur les origines du christianisme, à l'Ecole pratique des hautes études. Marcel Jousse y enseignera jusqu'en 1945.

Par ailleurs, deux directrices d'écoles lui demandent d'intervenir en tant que psychologue de l'enfant, ce qu'il fera dans le cadre du Laboratoire de Rythmo-Pédagogie.

Il donna également quelques conférences en Belgique, à l'Université de Louvain, ainsi qu'à Rome.

Dans chaque intervention de Marcel Jousse, ce sont les dimensions pluridisciplinaires et pratiques qui sont soulignées. C'est ainsi que les programmes annuels de toutes ses interventions en Sorbonne comme à l'Ecole d'Anthropologie portent la mention : les travaux anthropologiques de M. Marcel Jousse ont pour but de rechercher une liaison entre les disciplines psychologiques, ethnologiques et pédagogiques.

« Au fond, j'ai toujours été l'anthropologiste du Geste global et du rythme vivant. Si j'ai une mémoire déconcertante, c'est que dans ma jeunesse, j'ai toujours rythmé ce que j'apprenais ». Marcel Jousse

21:36 Publié dans Spectacles | Lien permanent | Commentaires (0)