22/12/2018
Des Traits sur le sable N° 81
Il est difficile de ne pas parler des événements qui ont secoué la France depuis plusieurs semaines, même si ce n’est pas là la vocation du Sablier. Nous en parlerons donc, à notre manière, à la manière du Sablier, qui est de toujours donner des paroles à accueillir, essayer encore et toujours de transmettre, partager, faire partager des paroles de vie.
En ces temps dramatiques, les paroles d’Etty Hillesum, (eh oui, encore et toujours Etty !), résonnent une fois de plus pour qui accepte de les entendre :
Notre unique obligation morale, c’est de défricher en nous-mêmes de vastes clairières de paix et les étendre de proche en proche, jusqu’à ce que cette paix irradie vers les autres. Et plus il y a de paix dans les êtres, plus il y en aura aussi dans ce monde en ébullition.
En moi un immense silence, qui ne cesse de croître. Tout autour, un flux de paroles qui vous épuisent parce qu’elles n’expriment rien. Il faut être toujours plus économe de paroles insignifiantes pour trouver les quelques mots dont on a besoin. Le silence doit nourrir de nouvelles possibilités d’expression. Il faut si peu de mots pour dire les quelques grandes choses qui comptent dans la vie. Je voudrais tracer ces quelques mots au pinceau, sur un grand fond de silence.
Et nous, comment parlerons-nous donc de ce qui a secoué si violemment notre pays ?
Simplement en citant quelques passages d’un spectacle présenté voici quelques années par le Sablier à Paris et au Festival d’Avignon, Saint Louis et les cahiers du Président.
Voici donc un extrait des paroles que Saint Louis adressait au Président de la république nouvellement élu, dans ce qui n’était qu’une comédie sans prétention militante :
Ton pouvoir aujourd'hui n'est pas le pouvoir que j'ai eu moi lorsque j'ai dirigé la France. Les réseaux inextricables d’interdépendance à l’infini des uns et des autres ne sont peut-être pas une mauvaise chose finalement, elles rendent plus difficile l’arrivée d’un nouveau tyran. Mais la montée de puissances financières devenues folles et pour une grande partie occultes et criminelles dans des proportions que la planète n'avait jamais connues plonge à nouveau une foule toujours plus nombreuse dans la misère, et de cet incroyable retour en arrière peut jaillir une autre révolution, terrible, barbare, qui ramènerait la victoire des ténèbres pour quelques décennies encore... Ah mon Jeannot. Mais toi tu es Président de la France.
Ce que tu peux faire, ce que tu as le devoir de faire, je vais te le dire : cherche la justice, encore, toujours. La justice, Jean, la justice. SI tu cherches la justice, si tu mets toute ton énergie, toute ton intelligence, toute ta force, dans la recherche et l'exercice de la justice, tu désamorceras la violence, la haine, tu désamorceras les enchainements de causes et d'effets qui génèrent les situations ingérables, même pour un président, même pour un roi, même pour un empereur, même pour un pape.
Cherche la justice, Jean. La justice.
Je réécoute aujourd’hui la voix puissante, chaude, magnifique du regretté Damien Ricour qui nous avait fait l’amitié d'enregistrer ce texte pour nous.
Le spectacle avait reçu un bel accueil à Paris, et le père Stalla-Bourdillon, prêtre de la paroisse Sainte Clotilde, la « paroisse des politiques », située à quelques centaines de mètres de l’Assemblée Nationale, m’avait dit le soir de la première, à l’instar de plusieurs spectateurs : « Il faudrait qu’« ils » viennent voir ce spectacle ».
« Ils » n’étaient pas venus.
Bien sûr, cela n’aurait pas changé le monde. « Ils » avaient autre chose à faire, c’est sûr.
Mais tout de même.
« Ils » n’étaient pas venus.
Nous vous souhaitons le meilleur Noël possible, et une belle année 2019, tournée vers la vie. Tournée vers la vie. Tournée vers la Vie.
Le Sablier
En cadeau de Noël, nous vous proposons quelques extraits du livre Il est permis d’espérer, de Vaclav Havel (Calmann-Lévy), un auteur qu’on n’entend plus guère et que le monde serait bien inspiré d’écouter aujourd’hui. La voie d’une réelle universalité ne réside pas dans le compromis entre diverses altérités contemporaines, mais dans la recherche commune de l’expérience commune la plus fondamentale que l’homme a de l’univers et de lui-même en son sein. S’il (l’homme) ne tire pas les leçons de notre expérience qui nous a montré où mène son orgueil lorsqu’il invente des utopies rationnelles pour créer un paradis sur terre, et s’il continue dans sa vision anthropocentrique du globe, il lui en coûtera cher, à lui et au reste de la planète. Si la prospérité de sa société de consommation continue à lui importer plus que tous les fondements de cette prospérité, il ne tardera pas à la perdre elle aussi. N’oublions pas de penser l’Être. |
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12/09/2018
Des Traits sur le sable N° 80
Le bel été
L’été du Sablier fut beau et fécond, riche en évènements et rencontres de qualité ; les représentations au Festival d’Avignon de Frère Henri Vergès, le 5ème évangile, en collaboration avec l’Aircac, l’association de Francesco Agnello, nous ont valu d’être classés par le site du Festival off parmi « les meilleurs du Off », ce qui fait toujours plaisir, avec une fréquentation du public en montagnes russes, mais ce sont les aléas du Festival ; nous nous sommes posé quelques questions (sans réponses pour l’instant), sur le titre, finalement assez mystérieux pour le public. A suivre…
Le stage de théâtre au Centre Artistique de Piégon et la session « Dire les éveilleurs » à Mirmande, avec cette année au programme Marcel Légaut et Maurice Zundel, ont été une fois de plus l’occasion de vivre de belles heures de jeu et de rencontres en profondeur.
Puis il y eut Van Gogh la quête absolue dans le Périgord, et même une représentation « imprévue » de L’évangile selon Saint Jean près de Mâcon (quand vous arrivez chez des amis pour passer quelques jours de vacances et qu’ils vous demandent en vous accueillant « Tu serais d’accord pour donner une représentation demain soir, il y a plusieurs amis qui seraient tellement contents… », comment refuser ?...
Oui, l’été fut beau, riche et fécond.
Des différentes rencontres sont nés de nouveaux projets dont nous parlerons dans le prochain bulletin (le temps que les projets deviennent des réalisations en chantier), et d’ici là, la rentrée verra (sans doute, nous attendons la confirmation) la reprise de Charles de Foucauld frère universel. à Saint Augustin à Paris, en attendant celle de Frère Henri Vergès le 5ème évangile, qui elle ne reprendra que début 2019, la chapelle Notre Dame des Anges étant en travaux jusque là.
A partir d’octobre, premières « prestations » avec l’APM (voir bulletins précédents).
Les cours de théâtre reprennent à Versailles en septembre, et l’atelier « Dire les éveilleurs », à l’Espace Bernanos à Paris, sera consacré cette année aux écrits du père Henri Caffarel sur la prière.
C’est dans cette dynamique, déjà relancée, que nous vous souhaitons à tous une très belle rentrée. Nous souhaitons à chacun de reprendre ou de tenir fermement son bâton de pèlerin, et que le chemin, rude ou doux, mais toujours exigeant, vous garde toujours joyeux et tournés vers la vie.
Bonne rentrée !
Le Sablier
DIRE Marcel LEGAUT… et Maurice ZUNDEL avec Gérard Rouzier
Pendant une semaine les murs de la Magnanerie se sont imprégnés des paroles vraies de deux éveilleurs : Marcel Légaut et Maurice Zundel.Gérard Rouzier, comédien, est venu, pour la quatrième fois, animer un atelier dont le but était cette année d’aider les participants à s’approprier des textes de ces deux spirituels.
La journée commençait par ce temps de recueillement si important pour Marcel Légaut, dans le petit oratoire où, portés par le silence, nous nous sentions en profonde communion les uns avec les autres. Une phrase riche de sens, choisie, offerte et répétée plusieurs fois par l’un ou l’une d’entre nous, nous accompagnait tout au long de la journée.
Puis Gérard nous proposait des exercices qui nous permettaient de nous rendre présents à nous-mêmes, présents à notre environnement, présents et à l’écoute des autres, afin de pouvoir travailler nos textes chacun individuellement avant de lui présenter deux fois par jour le fruit de notre travail.
Si, dans cet exercice, la mémoire occupe une grande place, elle n’est pas première. Ce qui nous est demandé avant tout c’est d’être attentif à ce que chaque mot du texte, qui devient parole, éveille en nous, de goûter la profondeur spirituelle de celui qui veut exprimer ce qui l’habite et le fait être. Seulement alors nous pouvons « donner » à ceux qui nous écoutent ce texte que nous nous sommes approprié.
Le bilan final a révélé combien chacun avait reçu du travail accompli avec persévérance et ténacité, mais aussi des autres participants, bienveillants, encourageants, sans jugement et surtout de Gérard qui n’est pas un enseignant car « l’essentiel ne s’enseigne pas » nous dit Marcel Légaut, mais lui aussi un éveilleur, un réveilleur même parfois quand il parvient à nous faire approcher de notre vérité profonde.
Le climat de paix et de sérénité qui a régné dans la maison pendant ces quelques jours a permis à chacun de goûter avec bonheur ce temps de ressourcement vécu dans le partage et la fraternité.
N’avons-nous pas, l’espace d’une semaine, fait l’expérience de cette vie communautaire dont Marcel Légaut n’a jamais cessé de rêver ?
Françoise Servigne, août 2018
09:55 Publié dans Bulletins | Lien permanent | Commentaires (3)
11/09/2018
Les projets du Sablier pour 2018-2019
Les activités en cours, spectacles, ateliers et stages se poursuivront, et nous commencerons un partenariat avec l’APM, (Association pour le Progrès du Management), qui regroupe plusieurs milliers de chefs d’entreprises de par le monde. Nous présenterons dans ce cadre une adaptation du spectacle Vincent van Gogh, la quête absolue. Le titre de cette adaptation est L’homme inspiré, que j’interprète avec Denis Cocquet ; j’y joue le rôle de Vincent van Gogh, et Denis est « Le philosophe », qui intervient à plusieurs reprises pour interpeller le public et réfléchir avec lui sur la question de l’inspiration, du mystère de la création, et les nombreuses problématiques si bien résumées par Van Gogh lui-même :
« Il y a quelque chose au dedans de moi ; qu’est-ce que c’est donc ? »
D’autre part, à la demande de l’APM, j’animerai plusieurs journées sur le thème « Présence, unité et autorité », au cours desquelles je proposerai une réflexion et surtout des pratiques issues très directement des ateliers-théâtre et des sessions Dire les éveilleurs.
Ce sera, en langage profane, le même message et les mêmes invitations au travail intérieur que celui proposé dans un langage plus franchement spirituel dans nos ateliers.
D’autre part, j’enregistrerai les « Prières d’hommes » de Marcel Légaut, fin 2018 - début 2019, pour l’ACML (Association culturelle Marcel Légaut), qui souhaite réaliser ce CD afin de diffuser ces textes sous une forme renouvelée.
Projets à confirmer
Nous réaliserons un montage « Poésie et musique » sur les textes de Jacqueline Kreiss ; suite à notre proposition d’une soirée poétique au théâtre du Grenier à Bougival, les responsables du lieu ont décidé de monter un festival de poésie fin 2019 dans le théâtre, et en amont, de mener plusieurs actions de sensibilisation à la poésie dans les écoles et bibliothèques de la région. Nous sommes particulièrement heureux et fiers que notre proposition ait donné lieu à ce projet.
Je travaille également à la réalisation d’un dessin animé à partir de la comédie musicale Rose et Jeannot, et les premiers contacts autour de ce projet s’annoncent très prometteurs.
Gérard Rouzier (AG du 12 juin 2018)
Premières esquisses du projet de dessin animé Rose et Jeannot
réalisées par Anaïs Rouzier
17:15 Publié dans Association | Lien permanent | Commentaires (0)
13/04/2018
Des Traits sur le sable N° 79
Des nouvelles du Sablier
Dans le dernier numéro des Traits sur le Sable, je faisais allusion à un nouveau projet, qui nous amènerait à travailler cette fois avec des entreprises.
C’est par l’intermédiaire de mon ami Denis Cocquet, lui-même consultant en entreprises, que j’ai rencontré des responsables de l’APM (Association pour le progrès du management).
Denis, qui connaît bien la Compagnie du Sablier, pensait depuis longtemps que le travail de nos différents ateliers, qui porte en grande partie sur des textes à caractère « spirituel », (Dire la Bible, Dire les Eveilleurs) pourrait être transposé en mode « laïc » et porter du fruit dans le milieu où lui-même a évolué depuis des années.
Il a donc organisé une rencontre, et de cette rencontre sont nés deux projets distincts.
Une représentation à caractère théâtral et philosophique, L’homme inspiré, dans laquelle je joue une adaptation du spectacle Vincent van Gogh, la quête absolue. Dans L’homme inspiré, l’accent est mis sur la question de l’inspiration et des conditions et conséquences de ce phénomène. Ces conditions et ces conséquences sont analysées par Denis qui tient le rôle du Philosophe, intervenant à plusieurs reprises pour méditer sur les paroles de Van Gogh et faire le lien avec la problématique de tout créateur, quel qu’il soit, artiste, philosophe, mystique… ou chef d’entreprise !
Je dois reconnaître qu’au début, l’idée, qui venait de Denis, m’avait laissé un peu sceptique, mais après avoir travaillé avec lui, j’ai été totalement convaincu de la pertinence du propos.
Lors de la présentation de ce spectacle dans le grand auditorium de Bordeaux, à l’occasion du Colloque 2018 de l’APM, la réaction extraordinaire de l’assemblée a confirmé l’intérêt de notre proposition.
L’autre volet sera l’animation d’ateliers auprès des chefs d’entreprises eux-mêmes. Dans ces ateliers, nous proposerons un travail sur l’unité, la présence, l’autorité… Ces thèmes seront abordés via la pratique théâtrale et les méthodes de rencontre avec les textes utilisées dans les ateliers Dire la Bible. Bien entendu, dans un contexte laïc, je ne ferai pas appel aux textes « spirituels », je ferai un détour par la philosophie et la littérature, mais le fond sera bien le même, familier aux amis du Sablier.
Voilà pourquoi et comment le Sablier, qui est l’interlocuteur « officiel » de l’APM, va être amené à programmer des interventions, sporadiques pour l’instant, mais dont nous espérons qu’elles se multiplieront dans un proche avenir.
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Le 16 décembre, la Mairie de Louveciennes accueillait les Instantanés poétiques, spectacle qui réunissait comédiens, chanteurs, danseurs, et musiciens de l’Académie Gabriel Fauré de Louveciennes, autour des poèmes de Jacqueline Kreiss, dans une mise en scène d’Anne Vassalo.
Ce fut une belle soirée, et la mise en scène d’Anne, pour qui j’ai une admiration sans borne devant le nombre de spectacles et de troupes qu’elle mène de front, nous offrait précisément du vrai « spectacle ». Grand bonheur, et en même temps, cette profusion d’idées et d’images me donna l’envie de reprendre les mêmes textes et de proposer à Jacqueline Kreiss quelque chose de totalement différent, un temps de partage intime de ses poèmes, qu’elle dirait elle-même, simplement accompagnée par un musicien.
Parce qu’il me semble que ses poèmes peuvent être dits avec autant de bonheur dans l’atmosphère festive d’un spectacle que dans le murmure et le partage à voix basse.
Jacqueline a trouvé l’idée intéressante, et nous sommes actuellement en train d’élaborer ce nouveau projet du Sablier, dont le titre sera « À fleur d’âme ».
Les thèmes dits « spirituels » qui sont communs aux productions du Sablier trouvent là une forme d’expression toute particulière, simplement à travers une voix et un certain regard sur le monde, la nature, les êtres, la vie.
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En ce qui concerne les thèmes « spirituels » justement, MON LUTHER a reçu un accueil particulièrement chaleureux à Vannes, à Epinal, et en Suisse à Saint Gal et Rappenswill. MON LUTHER, spectacle bien particulier, qui n’a cessé de se transformer depuis la création, au point que ceux qui ont assisté aux premières représentations ne le reconnaîtraient sans doute pas aujourd’hui ! Mais le spectacle touche à sa fin. En effet, l’aventure, lancée pour l’année des 500 ans de la Réforme, se terminera après une dernière représentation à Genève en juin 2018.
Je veux également mentionner la présentation du spectacle Femme(s), une pièce écrite par Jean-Paul Prat et interprétée par Blandine Thévenon, que j’ai eu le bonheur de mettre en scène.
Femme(s), déjà joué en province et ...en Afrique, sera présenté à l’Espace Bernanos à Paris le vendredi 22 juin et dans le cadre du mois Molière à Versailles au 3ND le 24 juin.
D’autre part, nous poursuivons avec beaucoup de bonheur notre collaboration avec Francesco Agnello.
Je dis « nous » car même si les spectacles de Francesco ne sont pas des productions du Sablier, nous en assurons autant que faire se peut la promotion, et les amis du Sablier nous soutiennent aussi par leur présence sur ces projets.
Francesco et moi continuons les représentations de Charles de Foucauld frère universel, et nous avons commencé les représentations de Frère Henri Vergès, le 5ème évangile. Les deux spectacles suscitent beaucoup d’émotion et de très beaux retours nous sont offerts par les spectateurs après chaque représentation.
Et je viens d’apprendre que nous donnerons Frère Henri Vergès, le 5ème évangile au Festival d’Avignon 2018.
Une fois de plus, merci à toutes celles et ceux qui permettent que tout cela existe, le public bien sûr, mais aussi le merveilleux « staff » du Sablier, et encore et toujours tous les amis du Sablier qui continuent à nous encourager et nous soutenir de toutes les manières.
En ces temps difficiles et douloureux, merci pour tous ces moments de lumière, de joie, d’humanité.
Gérard Rouzier
19:23 Publié dans Bulletins | Lien permanent | Commentaires (0)
06/12/2017
Des Traits sur le sable N° 78
Le mot du président
Me voilà maintenant depuis quelque mois immergé dans la vie de la Compagnie du Sablier. En dehors de la gestion des dossiers courants, mon emploi du temps a été très pris par l’indispensable renouvellement de la licence de Gérard qui n’a pas été une opération très facile. Nous voilà maintenant avec trois années tranquilles grâce à Jean-Claude Ferrand qui a bien voulu accepter de renouveler son contrat d’entrepreneur. Je lui adresse à nouveau la reconnaissance de toute l’équipe de la Compagnie du Sablier.
Ma vie de Président est tout à fait supportable parce que je ne suis pas seul. Avec Gérard je suis entouré par une « super » équipe : une Assistante administrative remarquable (Domitille), un webmaster (Éric), grand maitre de la communication dans le web, une assistante juridique et financière (Linda) qui peut faire valoir son savoir dans les plus grandes entreprises. Me voilà bien gâté. Tout est réuni pour que Gérard puisse à cent pour cent se consacrer à son métier d’acteur sans être dérangé par toutes les questions administratives qui empoisonnent la vie, nous faisons le maximum pour cela.
Quand je suis arrivé à la Compagnie, la pièce Mon Luther était déjà écrite par Gérard. Elle a été mise en scène en juin. C’est une chance pour moi d’être arrivé à ce moment car le lancement d’une nouvelle pièce est un événement important mais aussi un pari sur l’avenir. D'autant qu’on savait que les 500 ans de Luther devaient générer de très nombreuses manifestations sous toutes les formes, et qu’il fallait se démarquer. Le pari a été tenu et depuis le mois de septembre la pièce est jouée en France dans de nombreuses villes. Cela n’a pas toujours été facile car sa mise en place a nécessité une grande capacité d’adaptation et d’improvisation.
J’ai dit à Gérard qu’il n’était pas possible de ne pas jouer Mon Luther à Protestants en Fête où étaient attendues 10 000 personnes en octobre à Strasbourg. Malgré notre appréhension d’être noyés dans la masse de toutes les manifestations données à cette occasion, nous avons décidé d’être présents. A notre grand bonheur la salle était comble.
A la Compagnie du Sablier, aujourd’hui, les choses vont plutôt bien. Il faut cependant penser à l’avenir. Cela suppose des temps de recherche et de création qui doivent trouver leur place entre les périodes tumultueuses des spectacles. Avec Gérard Rouzier, aucune inquiétude à avoir, créer est le moteur essentiel de son existence.
L’année 2018 ne peut s’annoncer que riche en créations.
Toute l’équipe du Sablier se joint à moi pour vous souhaiter de très bonnes fêtes de fin d’année et une excellente nouvelle année.
Pierre Thierry-Mieg
Les aventures de Mon Luther
Il s’est passé quelque chose de vraiment très étrange avec le spectacle Mon Luther, et je ne résiste pas au désir de le raconter ici, même si, peut-être, un comédien ne devrait pas dire ça…
Les représentations à Paris, dans l’église luthérienne Saint Jean où le pasteur Jean-François Breyne nous avait fait l’amitié de nous accueillir, s’étaient bien passées ; la représentation au temple protestant de Versailles le 30 juin aussi, et nous n’avions pas joué pendant l’été.
En septembre, la reprise avait lieu au temple de Levallois. Pour cette représentation, Violaine Brebion, que plusieurs amis du Sablier connaissent pour des spectacles auxquels elle a participé depuis de nombreuses années (depuis Textes, chants et prières il y a bien longtemps au Temple de l’Etoile jusqu’à récemment Etty Hillesum en passant par Rose et Jeannot, La valse du clown, et de nombreuses régies de l’Evangile de Jean et l’Apocalypse, bref, une habituée des acrobaties du Sablier), Violaine Brebion, donc, remplaçait Isabelle Rouzier, qui ne pouvait pas jouer ce jour-là.
Ceux qui ont vu Mon Luther à Paris se souviennent sans doute que le spectacle est articulé autour d’une bande-son où l’on entend un personnage (moi) parler à son psychanalyste et lui raconter un rêve sur Luther.
Une demi-heure avant le début de la représentation, nous ouvrons l’ordinateur : plus de bande-son !. Nous cherchons tous les deux, sur le bureau, dans le dossier Mon Luther, dans les « Documents », les « Musiques ». Pas de bande-son. Mystère total. Absurde. Je n’avais pas touché le dossier depuis la dernière représentation en juin.
Violaine et Sandrine Pourailly, notre chère harpiste, me regardent ; bon, on fait quoi ?
On fait quoi ? La réponse était évidente : on improvise !
Et on a improvisé. J’ai improvisé. Je changeais des choses au fur et à mesure, Violaine et Sandrine suivaient, s’adaptaient, avec un professionnalisme impressionnant. Il m’a semblé au cours de la représentation sentir une plus grande proximité que d’habitude avec le public ; et quand cela a été fini, et que nous avons savouré la réaction très chaleureuse dudit public, l’une et l’autre m’ont dit : c’est mieux comme ça !
Un peu perturbé, j’ai laissé passer quelques jours, jusqu’à la représentation suivante. Je sentais qu’effectivement, c’était peut-être mieux comme ça. Cette proximité, ce contact plus permanent avec les spectateurs…
Bref, à la représentation suivante, à Roubaix, alors que j’avais beaucoup insisté lors des préparatifs pour avoir une bonne sono, nous sommes arrivés et… nous ne l’avons pas branchée. Nous avons fait comme à Levallois.
Et depuis, nous le présentons sous cette forme, et cela « fonctionne », je dirai même de mieux en mieux.
Mais le sel de l’histoire, ce qui en fait tout le charme, et je dois le dire, le mystère, c’est que…
Une dizaine de jours plus tard, j’ouvre mon ordinateur, et mes yeux se posent immédiatement sur la bande-son qui est là, sur le bureau. Elle me regarde, la gueuse, elle se moque, elle se gausse. Je vais voir dans le dossier Mon Luther. Elle y est aussi. Je l’ai donc en double exemplaire sur mon ordinateur, le même ordinateur (je n’en ai qu’un) qu’il y a quelques jours à Levallois, où Violaine et moi l’avions longuement cherchée en vain !
Me traversent des phrases lu dans un bouquin que je reprends de temps en temps : ils regardaient, mais leurs yeux étaient empêchés de voir !
Aurai-je la fatuité de croire que l’Esprit s’intéresse à notre petit spectacle et souhaitait cette nouvelle formule ? Allons, sachons raison garder…
Mais enfin tout de même…
En tout cas, depuis, nous recueillons davantage de réactions particulièrement chaleureuses, et au fil des représentations, de plus en plus souvent, des retours sur le spectacle comme une prière, une méditation, une invitation à la réflexion…
Et c’est par exemple ainsi que cela a été reçu à Strasbourg, lors de Protestants en fête, dans l’église Saint Nicolas, où nous pensions que nous n’aurions que quelques personnes, et qui fut pleine ! On refusa même l’entrée à quelques retardataires !
Alors, après cela, quand à Marseille, nous apprîmes au dernier moment qu’il n’y avait pas de harpe, que dans toute la ville nous n’avons pas réussi à en trouver une, nous ne nous sommes pas affolés non plus… Vous avez un piano ? Oui…
Et on a improvisé… et ça s’est manifestement très bien passé…
Alors voilà, comme c’est vous, on n’a rien à vous cacher, on vous le dit… Mais ne l’ébruitez pas trop tout de même…
A part cela, un nouveau projet point à l’horizon 2018, où le Sablier va commencer à intervenir dans le monde de l’entreprise ! Nous parlerons de cela dans le prochain bulletin. Véhiculer nos propositions sur un mode laïc dans un monde de chefs d’entreprises, de décideurs, nouvelle aventure… A suivre...
Nous vous souhaitons un joyeux Noël, et une bonne année
Gérard Rouzier et toute l’équipe du Sablier
Un ami du Sablier est parti
Notre ami Gérard Maillet nous a quittés la semaine dernière.
Gérard était un ami. Comme me l’a écrit François Refrégiers, il nous a beaucoup apporté par sa quête de sens, du divin, par sa fougue et sa foi. J’ajouterai qu’il m’a également beaucoup apporté par son honnêteté, la simplicité avec laquelle il parlait des questions, des tourments qu’il affrontait, et qui nous rendaient immédiatement proches, amis, frères.
Je crois que cette simplicité, cette ardeur, cette foi, toutes les personnes qui l’ont rencontré les ressentaient.
Gérard a organisé plusieurs représentations de nos spectacles dans son village, Verzé, à quelques kilomètres de Mâcon ; il a également organisé une représentation de l’Evangile de Jean dans l’église de Mâcon. Et chaque fois, il parcourait inlassablement la région pour distribuer tracts et affiches ; d’ailleurs, à chaque représentation à Verzé, la salle était pleine.
Il a accueilli là-bas, après l’Evangile de Jean, également donné dans la salle polyvalente de Verzé, Ce matin j’étais lépreux, avec Rose Bacot, Vincent van Gogh la quête absolue, Journal intime de Marie Noël et Etty Hillesum avec Huguette Lasalle et Emily Roux-Rosier.
Toutes, Rose, Huguette, Emily, ont témoigné avoir fait « une belle rencontre d’une belle personne ».
Gérard avait participé à un stage Bible et théâtre, je le revois, immense, jouant Noé face à son destin…
C’est un très, très, très grand ami qui part. Nous nous comprenions si bien, avec cet amoureux de Marcel Légaut, de Maurice Zundel, de François Varillon…
G.R
16:12 Publié dans Bulletins | Lien permanent | Commentaires (2)